La résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies adoptée le 14 avril 2015 qui impose un embargo sur les armes à destination des rebelles Houthis et leurs alliés ainsi que l’intervention militaire de la coalition arabe au Yémen ( 9 pays du Golfe, dont l’Arabie Saoudite, Le Barheïn l’Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Koweit, le Maroc, le Pakistan et le le Soudan) suffiront-t-elles à venir à bout de la situation désastreuse que vit le Yémen en guerre depuis mars 2015? Quels sont les raisons fondamentales de la crise que traverse le Yémen et comment aider le pays à retrouver sa souveraineté, à ramener la paix et la sécurité? C’est pour répondre à tous ces questionnements que se tenait mercredi 08 novembre 2017 au Brussels Press Club Europe, une conférence sur la civilisation et l’histoire de la situation actuelle et l’avenir du Yémen ( Yemen: Civilization and History-Current Situation and Future). Trois panels ont permis aux orateurs de faire un constat accablant sur les plans sécuritaire, humanitaire, santé, éducation, droits de l’homme en somme un pays sous le dictat d’une minorité qui impose sa volonté et son idéologie et qui de surcroit semblerait-il, bénéficie du soutien du géant voisin iranien d’après nos sources d’informations.
Au bout de trois 3 ans de guerre au Yémen, au vu et au su de la communauté internationale, on imagine sans doute les conséquences dramatiques sur plusieurs plans, les pertes en vie humaine et matérielles etc.
Selon le les chiffres communiqués par Mogib Hassan Hamoud, intervenant sur les « Aspects humanitaires et de secours au Yémen » on dénombre plus de 8650 morts depuis le début de cette guerre. De nombreux crimes et violences à l’égard des femmes et des enfants, des journalistes. La destruction de plusieurs édifices publics. L’enrôlement des enfants de moins de 18 ans dans les rangs des milices. 80% du territoire yéménite est assiégé par une minorité de rebelles Chiites Houthis etc.
Même son de cloche d’après Moammar AlEryani, Ministre l’Information du gouvernement yéménite en exile. Le constat de la situation au Yémen est un désastre: 165 écoles sont fermées et 627 écoles transformées en lieu de refuge, plus de 70% d’enfants vivent dans les conditions précaires. Les rebelles Houthis sont entrain changer la méthodologie du système de l’enseignement. Ils imposent leur idéologie ethnique, sans oublier la destruction systématique des musées, de sites historiques. Il rappelle que le Yémen est un pays démocratique et que son principal défi aujourd’hui est de retrouver son unité. ll n’y a aucun respect des droits de l’homme, le Yéménite est entrain d’être détruit.« Tous les Yéménites doivent conjuguer leurs efforts pour refuser le coup d’Etat » a-t-il conclut lors de son intervention.
Aujourd’hui, Plus de 180.000 Yéménites sont déplacés à l’extérieur et 1.800.000 à l’intérieur du pays. Sur 114 Organisations Non Gouvernementales, il n’existe plus qu’une vingtaine actives. A ce sombre tableau s’ajoute la délocalisation de certaines industries, la recrudescence du chômage,
de la pauvreté … Intervenant sur les violations commises par les terroristes, Dr Wesam Basondowah , Doctorante en Sciences politique a fait état des facteurs qui caractérisent l’oeuvre des rebelles Houthis. Notamment l’utilisation de l’idéologie religieuse, l’ethnicisme, les conditions économiques difficiles avec l’utilisation des enfants par certains hommes d’affaires. Il faut savoir que 70% d’enfants vivent dans des conditions précaires. Enfin les enfants sont contraints de participer à la militarisation, a-t-elle insisté. D’où la montée en puissance de ces milices . « Seule la souveraineté de l’Etat peut résoudre ce problème, a appelé de ses voeux Dr Wesam.
Quel avenir pour le peuple yéménite? Telle est la question qu’on pet se poser, au vu et au su de la situation socio-politique désastreuse que vit ce peuple en proie à une guerre depuis 3ans. De l’avis de tous les orateurs et participants, des appels ont été lancé à la mobilisation de tous, pour barrer la route à l’obscurantismes manifeste de la minorité des rebelles Houthis qui représente un tiers d’une population globale estimée à 27,4 millions de d’habitants. Toutefois, un appel au dialogue, à la négociation, à la raison a aussi été lancé par Mohamed Behari, Secrétaire Général de European Islamic Conference (Conférence Islamique européenne), et Directeur de l’Institut Avicennes, un des co-organisateurs de cette conférence.
« Ici à Bruxelles, la Commission européenne, le Parlement européen, le Conseil européen, nous devons tous conjuguer nos efforts pour soutenir le Yémen. Nous devons tous constituer un bras, une seule personne pour éradiquer ce fléau. Actuellement c’est une destruction des sites sacrés. Aujourd’hui il faut qu’il y ait une énergie nationale, internationale, culturelle civilisationnelle pour sauver le Yémen. Ce qui se passe au Yémen doit concerner l’humanité. La guerre n’est pas une solution. Comme vous le savez, l’école Zaydite est une école qui a été acceptée à l’unanimité par les savants musulmans, à l’instar d’autres écoles. Le Yémen doit retrouver son état normal de fraternité, et sa diversité de langues , de doctrines et ethniques. Le Yémen était le pays qui a généré toutes ces immigrations dans le Golfe arabique et c’est le Yémen qui a produit un iIslam modéré, un Islam du vivre ensemble et surtout dans l’Asie centrale. C’est le Yémen qui a créé cette synergie, cette dynamique d’un pays exemplaire, d’un pays qui exhorte le vivre ensemble. Donc le patrimoine yéménite fait partie de ce patrimoine mondial ».
Plusieurs conférences sont prévues à Paris (10/11/2017) à Stockholm (en Suède), dans un futur proche pour informer l’opinion nationale internationale et sensibiliser celle-ci sur la situation du Yémen afin de ramener la paix et la réconciliation et reconstruire le pays. Cependant les causes multiples de la guerre au Yémen rendent complexe, une sortie de crise: facteurs géopolitiques, instrumentalisation du facteur religieux (entre sunnites et chiites), position stratégique du Golge d’Aden et le détroit Bab-el-Mandeb dans le commerce mondial, 3 à 5 millions de barils de pétrole empruntent ce détroit pour alimenter en hydocarbures, les Etas-Unis, l’Europe et l’Asie.
En exil en Arabie Saoudite depuis 2015, le Président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi, n’a qu’une volonté, retourner dans son pays continuer l’oeuvre qu’il avait si bien entamée en 2012. Après son élection au suffrage universel direct avec 99,80% des voix, le Président avait alors mis en place un gouvernement d’union national, avec les partisans de l’ancien régime. Il avait organisé un dialogue national, avec une volonté de concilier et de répondre aux nombreuses revendications sociales parmi elles, celles des Chiites Houthis. Cette volonté et l’appel lancé à la communauté internationale de sauver le Yémen, de sauver la légitimité du pourvoir du Président Mansour Hadi élu démocratiquement auront-ils un écho? G.Z