COMMUNIQUE CDH
Pour éviter une nouvelle tragédie au Congo, la Belgique doit agir fermement et soutenir la population congolaise
Pour éviter une nouvelle tragédie au Congo, la Belgique doit agir fermement et soutenir la population congolaise Le 31 décembre 2017, les autorités congolaises réprimaient dans la violence les marches pacifiques du Comité laïc de coordination, faisant au moins 12 victimes parmi les manifestants. Par ces actions, ce Comité, issu de la société civile et largement soutenu par la population congolaise, souhaitait soutenir les évêques qui militent pour l’application stricte de l’Accord de la Saint-Sylvestre et réclamait légitimement le départ du président Kabila hors-mandat depuis le 20 décembre 2016.
Le cdH adresse ses condoléances et sa sympathie aux familles et aux proches des victimes de la répression du régime Kabila. Une messe de funérailles en leur honneura été célébrée par Mgr Monsengwo, vendredi 12 janvier à 10h à la cathédrale Notre-Dame-du-Congo de Kinshasa. Malheureusement, ce ne sont pas les seuls morts que la population kinoise doit pleurer aujourd’hui, puisque près de 44 décès sont à déplorer, suite à des inondations dans la capitale congolaise. Celles-ci ont été victimes d’un défaut d’infrastructure généralisé, causé par le désintérêt criminel des autorités congolaises envers leur propre population. Suite à une réunion de sa « plate-forme Congo », et à l’occasion de la séance spéciale ce mercredi 10 janvier de la commission des Relations extérieures de la Chambre, le cdH se réjouit de la mobilisation du gouvernement belge dans ce dossier et l’incite à accélérer et intensifier ses initiatives. Dans ce cadre, le cdH, par la voix du député fédéral Georges DALLEMAGNE et des députés régionaux Joëlle MILQUET et Pierre KOMPANY, souhaite mettre en avant les mesures qu’il faut impérativement mettre en oeuvre dans les plus brefs délais :
Il faut élargir et renforcer les sanctions ciblées à l’égard des personnes responsables des violences (suspension des visas, gel des avoirs bancaires) déjà mises en oeuvre par l’Union européenne. Au-delà des responsables de l’appareil sécuritaire du régime déjà touchés par celles-ci, il convient de viser aussi : les personnalités impliquées dans les répressions des dernières manifestations ; le ministre des Télécommunications, responsable de la coupure d’internet ; ainsi que les autres dirigeants qui empêchent toute transition démocratique. Ces sanctions doivent aujourd’hui frapper également le « 1er cercle » des proches du président Kabila, celles et ceux qui se sont enrichis depuis des années sur le dos du peuple congolais, alors que celui-ci vit aujourd’hui dans une misère et une détresse extrêmes. Chacun des responsables politiques congolais impliqués dans des violations des droits humains doit être pleinement conscient qu’il s’exposera à des poursuites devant la Cour pénale internationale et, le cas échéant, devant les juridictions belges. La Belgique doit radier des registres de sa population les Congolais ou Belgo-Congolais qui sont impliqués dans la répression ou qui entravent la tenue d’élections démocratiques et qui sont inscrits comme résidents en Belgique, alors qu’ils résident en réalité au Congo. En effet, plusieurs officiels congolais, membres du gouvernement, du parlement ou des services de sécurité, profitent des avantages que leur offrent leur résidence en Belgique et/ou leur double nationalité (soins de santé, études, etc.), pour eux-mêmes ou pour leurs proches.
Le permis de résidence en Belgique doit être immédiatement retiré lorsque son titulaire est membre du gouvernement congolais.
La Belgique doit enfin exécuter la résolution adoptée par le Parlement belge le 20 juillet 2016 et qui demande la suspension de la coopération bilatérale avec le gouvernement congolais. Afin de soutenir directement la population du Congo, l’aide bilatérale belge doit être réorientée en faveur de la société civile et des ONG congolaises. Il s’agit aujourd’hui d’un montant de 98 millions d’euros. Tous les prisonniers d’opinion, notamment ceux qui sont emprisonnés depuis les manifestations pacifiques du 31 décembre et ceux qui étaient concernés par l’Accord de la Saint-Sylvestre, doivent être immédiatement libérés. Les libertés civiles, (liberté d’expression, droit de manifester, accès à internet, etc.) doivent être garanties par les autorités de RDC. La Belgique et l’UE ne peuvent soutenir le processus électoral que si celui-ci est crédible, inclusif, apaisé et transparent. Dans sa forme actuelle, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ne répond pas à ces critères. Sa composition et sa direction doivent être revues. La corruption de l’équipe actuelle et sa dépendance à l’égard du régime la disqualifient pour exercer son mandat.
Selon la presse, la faiblesse des positions récentes de l’UE sur le Congo aurait été causée par la volonté de la France et de l’Espagne de ménager le régime Kabila pour protéger leurs intérêts économiques et sécuritaires. La France aurait même renforcé sa coopération avec les services de renseignement congolais (la sinistre ANR) et proposerait ses services pour former les forces policières de RDC. Dans ce contexte, le cdH demande au ministre des Affaires étrangères de rencontrer rapidement ses homologues français et espagnols pour leur faire part des inquiétudes causées par leur attitude en faveur du régime Kabila. La France et l’Espagne doivent se ressaisir. Le gouvernement français doit arrêter cette coopération sécuritaire avec un régime dictatorial qui n’hésite pas à réprimer dans le sang. 1 (Commission électorale nationale indépendante Sur cette question, le cdH, par la voix du député fédéral Georges DALLEMAGNE, proposera à la Chambre des Représentants d’effectuer une démarche pressante à l’égard de l’Assemblée nationale française et du Parlement espagnol afin de clarifier leur attitude à l’égard des graves dérives du régime congolais. Le cdH soutient avec force le Comité laïc de concertation. Il s’agit d’un mouvement crédible, large, pacifique, issu de la population, au-delà des étiquettes politiques partisanes. Le cdH partage ses revendications en faveur d’une transition démocratique immédiate dans le cadre de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Ces demandes rejoignent celles déjà émises par le Parlement belge dans sa résolution adoptée le 20 juillet 2016. Nous tenons à souligner la maturité politique avec laquelle le peuple congolais fait face à cette crise politique. Les Congolais ont ainsi démontré leur ardent désir démocratique mais aussi leur capacité à prendre en main leur avenir politique de manière pacifique.
Georges DALLEMAGNE
Joëlle MILQUET
Pierre KOMPANY
PS: Texte mis à jour par la rédaction BIPMedia