Bruxelles, le 16 Décembre (BIPMedia)
Le procès fictif du jeune étudiant congolais Caleb âgé de 24 ans, arrivé en Belgique pour suivre ses études supérieures, a été mis en exergue jeudi 12 décembre dernier au théâtre « L’improviste » à Bruxelles, dans un spectacle original baptisé « Zone de non-droit », de la compagnie Théâtre Action asbl de la région de Mons.
Le Théâtre « l’Improviste » a été l’objet d’une représentation inédite de la pièce de théâtre « Zone de non-droit », où sept acteurs et actrices, comédiens et comédiennes ont fait vivre aux spectateurs, une scène émouvante du vécu d’un étudiant étranger, qui a perdu son titre de séjour, suite à une modification de la loi belge en matière migratoire. https://www.bipmedia.be/storage/2024/12/Z29B3179-scaled.jpg
Caleb se retrouve en situation de séjour illégal et donc exposé à tout moment, à un contrôle de la Police, mais surtout à une arrestation. C’est ce qui lui arrive à un moment donné. Il est arrêté par la Police puis placé en détention au Centre fermé de 127 bis à Steenokkerzeel, non loin de l’aéroport de Bruxelles, en attente d’être expulsé.
Inspiré des faits réels, de vécu de témoignages et de l’actualité socio-politique en Belgique, la pièce de théâtre met en lumière, les malversations subies par le jeune étudiant qui pourtant, est arrivé en Belgique avec un visa délivré par l’administration belge dans son pays d’origine. https://www.bipmedia.be/storage/2024/12/Z29B31665.jpg
Dans ce spectacle, les acteurs relèvent les pratiques de la Police aéroportuaire belge. Parmi elles, le contrôle au faciès semble s’imposer à certains ressortissants, dont l’accès au territoire belge malgré la possession d’un visa, peut-être remise en cause, voir refusé.
Les acteurs et actrices décrivent les conditions de détention, les tentatives d’expulsions forcées et les traitements discriminants dont subissent la plupart de personnes qui se retrouvent dans les centres fermés. La Belgique compte six centres fermés dont le Caricole, situé à Steenokkerzeel, non loin de l’aéroport de Bruxelles, le Centre de Rapatriement 127 bis, le centre pour illégaux de la ville de Bruges, le centre pour illégaux de Merksplas à Anvers, le centre pour illégaux de Vottem et le centre pour illégaux de Holsbeek. Ces centres fermés sont des prisons, où les personnes sans titre de séjour attendent d’être expulser du territoire. Elles sont nombreuses, les personnes qui tous les jours sont arrêtées arbitrairement, puis envoyées à l’un des 6 centres fermés. Autant dire qu’il ne s’agit pas de « lutter contre la Police des frontières, mais contre l’État belge et sa politique migratoire inscrite dans sa constitution », plaide Kwami Gwladstone Alakou, l’un des acteurs de la pièce.
Dans la pièce de théâtre, Caleb Kitocongolo, subie une 4ème tentative d’expulsion forcée à l’aéroport. Alors qu’il tente de résister, il est violemment battu par les escortes policières et se retrouve hospitalisé. Vu son état l’Office des étrangers décide de le libérer, bien que ne possédant pas de titre de séjour. Soutenu par des camarades de lutte, une mobilisation de personnes dites « Sans papiers » voit le jour autour de Caleb. Ils décident d’agir ensemble parce qu’ils en ont marre et puisque ce n’est pas le seul cas. C’est ainsi que se tiendra dans la suite de cette pièce de théâtre, le procès de Caleb contre l’État belge, pour coups et blessures, usage disproportionnée de la force, traitement dégradant et inhumain.
De façon magistrale, les 7 acteurs ont présenté un procès exceptionnel digne de la réalité, bien que ce soit de la fiction, avec un président du tribunal, une magistrate et deux avocats de la défense de Caleb. https://www.bipmedia.be/storage/2024/12/Z29B31672.jpg
Utiliser le théâtre comme outil de revendication pour défendre les droits des étudiants d’origine étrangère qui se voient refuser l’accès au territoire ou qui perdent leur séjour en cours d’études, mais aussi pour dénoncer l’application de la politique migratoire discriminante de l’État belge par rapport à la thématique de l’antiracisme de manière globale, telle est la démarche du Mouvement contre le Racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX). L’objectif du MRAX est de sensibiliser l’opinion nationale et international face à ces faits, et tout l’enjeu du projet les « Tribunaux populaires » du MRAX, mis en exergue dans « Zone de non-droit, grâce à la collaboration avec Théâtre Action asbl de la région de Mons.
«Le MRAX nous a proposé de mettre en scène, un fait de discrimination raciste et de le mettre en procès. Nous avons décidé collectivement de s’attaquer au racisme d’État et de la manière dont il s’applique dans les procédures des politiques migratoires, spécifiquement à l’égard des étudiants étrangers, qui se voient précarisés, qui perdent leur titre de séjour en cours d’études. Mais on a tenu à ouvrir à toutes les personnes qui sont concernées par cette politique raciste», nous a confié Carole Schilscomédienne et animatrice de ce projet .
Cette représentation du 12 décembre 2024, était la 7ème de « Zone de non-droit ». La pièce de théâtre a été jouée en Wallonie notamment à Mons, à Tournai, à Bruxelles à titre d’exemples. Les organisateurs de la compagnie Théâtre Action, restent ouvert pour toute sollicitation de représentation future.
Expérimenter le système judiciaire en étant des acteurs aptes à considérer les victimes et les auteurs de discrimination avec un regard critique, dans la lutte contre le racisme, tel est l’un des objectifs visés du MRAX à travers ce procès fictif de Caleb.
Le Projet « Les Tribunaux Populaires de l’antiracisme du MRAX» permet, grâce au procès « Zone de non-droit », de confronter les parties prenantes aux actes et aux vécus des différents protagonistes. Ce procès aura permis aussi d’affronter la thématique du racisme à l’aspect judiciaire, par la prise de parole et la théâtralisation.
Les échanges entre le public et les acteurs et actrices se sont poursuivis après le spectacle autour des questions liées à la politique migratoire belge vis à vis des étrangers, la justice, le racisme, la Police aéroportuaire et bien d’autres questions.