Accès au marché européen, €3,1 milliards de fonds d’investissement pour les partenaires africains, « Pacte générationnel », …

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La question migratoire était à nouveau au centre des débats, dans le cadre de la 10ème édition des journées européennes du développement (JED). Elle était déjà débattue lors de la précédente édition des JEDs. C’est dire combien cette question reste très préoccupante. Au regard de l’actualité, le nombre de clandestins en Europe a presque triplé en 2015. Sellon le journal le Figaro du 15 avril 2015, plus de 274.000 illégaux sont entrés sur le sol européen en un an. Cependant, force est de constater que les migrants et particulièrement les migrants économiques demeurent des acteurs de développement, aussi bien pour le pays d’accueil que le pays d’origine. l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) montrent que 40% des migrants ont un niveau d’étude supérieur à celui du pays d’accueil. Ces migrants permettent des rentrées fiscales importantes au niveau de l’économie du pays d’accueil. Un point de vue appuyé par une étude réalisée par les économistes de l’Université Catholique de Louvain (Belgique), qui estiment que les migrants apportent 2 milliards € au budget de l’Etat belge (Source le journal le Metro du 15.10.2015).
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Dès lors, comment tirer parti des avantages de la migration pour le développement, dans une formule « win-win »? Tel était le thème déployé au cours d’une session organisée conjointement le 16 juin 2016, par le Secrétariat des Etats d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique et la plateforme African Diaspora Network in Europe (ADNE). 5 acteurs ont nourri le débat, allant d’un constat de l’inefficacité de la politique migratoire actuelle de l’Union européenne, voire d’une absence de politique globale et cohérente en matière de coopération au développement, de migration, de la sécurité, en passant par les « success stories » Nord-Sud en matière de migration, mais aussi de nouvelles mesures de l’UE, pour construire de nouveaux partenariats bénéfiques.

1. Une politique plus cohérente en matière de migration et de lutte contre la pauvreté
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Selon Nathalie Alonzo, La migration est devenue un objectif de politique étrangère profonde de l’Europe. Cette question est d’une grande préoccupation dans l’élaboration même de la coopération au développement. Tout d’abord parce que la politique actuelle dans cette matière est inefficace. Mais en plus, nous pensons qu’elle va à l’encontre du traité de Lisbonne, poursuit-elle. D’après le traité de Lisbonne, la coopération au développement devrait lutter contre la pauvreté et son éradication. « Si nous utilisons le fonds ODA, pour soutenir des mesures de sécurité, ce n’est pas vraiment l’éradication de la pauvreté. Ceci peut empêcher la migration. Pour rappel, le groupe ODA est le leader européen de la gestion du risque des prix agricoles. Sa vocation est d’ aider les agriculteurs à optimiser la commercialisation de leur production à travers le fonds ODA (©NDRBIPMedia).

Rendre plus cohérence les politiques de l’UE au sujet de la migration, telle était aussi l’approche de Nathalie Alonzo. « Lorsque nous parlons de la cohérence des politiques, c’est à des fins de développement dans le sens de l’éradication de la pauvreté. Donc, si nous utilisons les politiques climatiques, les politiques de recherche, le financement de la recherche dans le souci d’arrêter la migration, ce n’est pas le sens de la cohérence des politiques pour le développement. La cohérence des politiques c’est aussi faire une distinction, entre nos obligations en termes de droit international, des droits de l’homme et comment apporter une protection aux personnes qui fuient la guerre les conflits, bref aux réfugiés, et prendre en charge toutes les personnes qui arrivent sur le sol européen. l’Europe est un continent riche pourtant, 86% des réfugiés dans le monde sont hébergés par les pays en développement et d’autres pays nettement moins riche que l’Europe. En essayant d’arrêter la migration, nous allons créer un précédent et accentuer le discours négatif qui fait de la migration un problème, a-t-elle conclu. »

2. Des offres concrètes pour accéder au marché européen, des fonds d’investissement pour les partenaires africains et les tiers et un « Pacte générationnel »l
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D’après Filiberto Ceriani-Sebregondi, Chef de la division de la coordination de coopération au développement, au Service européen pour l’action extérieure, il faut établir un partenariat avec les pays tiers de façon plus cohérente et coordonnée. Il formule tout aussi des propositions concrètes.

« Fondamentalement, nous pensons avoir beaucoup à offrir à nos pays partenaires. Déjà, nous avons beaucoup fait, dans ce sens que nous avons offert des politiques et des ressources mais maintenant, nous voulons le faire de façon beaucoup plus cohérente et coordonnée. Nous pouvons offrir à nos partenaires peut-être un meilleur accès au marché pour l’Europe, comme ce qui se passe actuellement en Jordanie et en Tunisie. Nous pouvons offrir une meilleure collaboration sur la sécurité. Dans nos échanges avec les pays du Sahel et la Corne de l’Afrique, l’une des premières choses qu’ils demandent est de l’aide dans la gestion de leurs frontières : Aidez-nous à renforcer la capacité de nos institutions, à gérer les flux migratoires, parce que nous sommes affectés positivement ou négativement par un grand nombre de migrations mixtes. Certainement, la sécurité est un domaine où il y a une grande marge de collaboration, avec un effet positif sur la trajectoire de développement. »

Filiberto a évoqué ensuite les nouvelles mesures envisagées par l’UE pour ses partenaires. « Nous pouvons également offrir l’investissement, avec la mise en place d’un fonds d’investissement externe d’une contribution initiale de €3,1 milliards. Nous considérons que nous pouvons tirer parti dix fois sur les investissements dans les pays partenaires, et nous espérons avoir plus de contributions de nos Etats membres pour atteindre un niveau de 60 milliards d’investissements. Nous savons que les investissements dans les infrastructures, la communication, … , sont des leviers importants pour le développement. »

Une offre de migration dans les deux sens, a ajouté Filiberto. « Nous pouvons également offrir d’autres types de programmes plus fins. Par exemple établir entre l’Europe et l’Afrique, une sorte de pacte générationnel par lequel, nous pouvons exporter des retraités avec leur pension, leur assurance-maladie, leur expérience, et importer des jeunes non qualifiés qui seront plus tard des migrants qualifiés. Et c’est tout à fait possible de le faire, comme c’est le cas dans la côte du Sénégal, ou au Maroc ou dans d’autres pays.

Ce que nous proposons à nos partenaires, c’est de profiter de ces offres, et de travailler ensemble sur la migration, l’intégration, les défis auxquels ils sont confrontés dans la gestion de la migration d’abord, et sur les défis communs. Ce que nous souhaitons, c’est d’avoir une véritable coopération avec nos pays partenaires, aussi bien sur l’aspect de la sécurité, même sur l’aspect négatif, et également sur le trafic. Parce que c’est un moyen de développer le partenariat existant, mais aussi de l’intensifier beaucoup plus. »

3. Avoir un regard positif mais critique sur la migration, intégrer plusieurs acteurs dans le politique migratoire
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Le Secrétaire général du Groupe ACP, Patrick Ignatius Gomes, a conclu ce débat sur une remarque nuancée. Il a invité à avoir un regard positif de la migration, tout en étant critique sur les politiques mises en place. Il a également souligné de la nécessité de prendre en compte différents acteurs, dont les jeunes entrepreneurs, la société civile,…, pour leur contribution positive à la migration.

« Nous devons regarder non du côté pathologique mais du côté positif pour aller de l’avant. Nous devons aussi aller de l’avant en étant très critique vis à vis des politiques mises en place en matière de migration. Nous devons définir les politiques ainsi que les voies et moyens, en impliquant différents acteurs. Je pense qu’il y a pas de doute, que les jeunes entrepreneurs, les organisations de la société civile, …, leur vision et leur voix sur la question migratoire ont besoin d’être formulées et d’être entendues. Pour accompagner cette vision positive, les exemples d’histoires réussies, de migration positive devraient être mis en avant. La migration a besoin de connections et ce défi me semble important. »

4. Exemples de « success stories de migration positive Nord-Sud
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D’après Sangwa Rwabuhihi, Expert – Industries et logiciel et investissement informatique, membre de ADNE (Allemagne), les exemples de migration positive Nord-Sud existent et on en parlent pas assez souvent.

«  Nous avons des pays comme l’Angola, où il y a des milliers et des milliers de Portugais qui y vont pour travailler. Cela nécessite de mettre en place de mécanismes pour accueillir ces migrants du Nord. Au Kenya, beaucoup d’Asiatiques venus du Pakistan ou d’ailleurs y travaillent et y résident. On trouve dans beaucoup de pays africains de tels exemples. Cela prouve que la migration est positive est n’existe pas que dans un sens. Si vous vivez et grandissez à Nairobi (Kenya) aujourd’hui, vous constaterez qu’il y’a une une intégration positive des Pakistanais. Il occupent des fonctions aussi bien à la télévision que dans l’enseignement et autres métiers. La population urbaine en Afrique est très cosmopolite et très ouverte à travailler avec le reste du monde. »

Au terme de ce débat sur la migration, Sangwa Rwabuhihi a accordé un entretien à BIPMedia. (Propos recueillis par Ghislain Zobiyo 16/06/2016)

Selon les statistiques, les migrants apportent € 2 milliards au budget de l’Etat Belge (pour ne prendre que cet exemple). Quelle est la perspective de ADNE, dans cette vision « win-win solutions » pour la migration?

Sangwa Rwabuhihi:  Nous voulons donner une autre image de la migration, parler de cas concrets, de choses qui se passent qui sont dans le sens positif. Cet apport des migrants est une réalité à laquelle, on doit appuyer, à laquelle on doit en parler. Aujourd’hui, la plupart des mouvements extrémistes en Europe ont plus de visibilité dans les médias. Je pense que c’est à nous de faire ce travail là aussi, d’informer. Aujourd’hui en moyenne un citoyen africain selon OCDE, contribue à hauteur de €3500,00 par an en terme de taxes dans l’Union européenne. C’est une réalité. Nous sommes là aussi pour renforcer les capacités des membres des diasporas, entreprendre à être plus présent au niveau des institutions européennes pour faire entendre notre voix.

Vous êtes intervenu dans le panel « Des mots à l’action » A propos toujours de la migration, qu’est ce que l’ADNE entreprend pour davantage valoriser la migration positive?

L’une des choses c’est d’abord d’organiser ce genre de panel, où on invite différents acteurs. Dans ce panel plusieurs personnes d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique bref du monde ont pris part. Nous essayons de mettre en avant les différentes initiatives qui existent au niveau de l’Union Européenne, au niveau africain, ce que font les jeunes entrepreneurs. Les participants peuvent ainsi entendre plusieurs sons de cloche sur la question migratoire et se faire une idée plus claire. Il y a également un partage d’expérience à travers ce genre de débat. En ce qui me concerne, je suis rentré dans mon pays le Rwanda, j’ai créé une entreprise surplace en 2012 dénommée « Hino Limited », une entreprise informatique spécialisée dans la réalisation d’interfaces graphiques.

Pouvez-vous nous parler de votre exemple qui peut être stimulant pour certains acteurs qui ont parfois du mal à se lancer et qui pourtant peuvent à la fois implémenter de bons projets pour leur pays et en tirer profit ?

Je pense que c’est d’abord une question de volonté. Il faut aussi avoir une certaine perception réaliste des risques. On a souvent l’impression que faire du business en Afrique, expose énormément à des risques. Il y a souvent des choses qui marchent en Afrique souvent mieux qu’en Europe. Pour enregistrer ma compagnie au Rwanda, j’avais besoin de 6 heures de temps, j’avais un numéro de taxe, ainsi de suite. Il y a des challenges, il faut dire les réalité, mais il y a également énormément d’opportunités.

Aujourd’hui, je n’ai que 30 ans. Mais l’Afrique offre aujourd’hui à des jeunes des ouvertures et des possibilités. Aujourd’hui c’est beaucoup plus faciles dans certains pays africains qu’en Europe de se lancer. Je ne peux qu’encourager ceux qui veulent le faire. Mais il faut le faire de manière stratégique. Il faut se préparer correctement, il faut travailler à l’étranger pour avoir de l’expérience. Il faut avoir des contacts avec le pays d’origine, développer des contact avec de potentiels partenaires locaux. Ils comprennent le marché, ils savent comment les choses marchent. On peut venir avec une perspective de l’extérieur, mais il faut une compréhension du marché local c’est très important.

Bien que l’Europe soit confronté aujourd’hui à un flux migratoire sans précédent, due à plusieurs facteurs : politique injustice, pauvreté, économique, conflits armés, catastrophes naturels, …, fort est de constater que les migrants économiques , intellectuels et les migrants en général contribuent à l’économie du pays d’accueil. De ce point de vu, adopter des politiques globales cohérentes en matière de migration serait salutaire. Il faut pour cela intégrer les domaines sécuritaire, migration, coopération au développement, et adopter une meilleure réglementation et des canaux réguliers de migration. Le plus important réside le travail continu pour une stabilité politique, économique et sociale des pays dont sont originaires les migrants. G.Z

About Ghislain Zobiyo

Journalist Reporter and contributor to Xinhua News Agency in charge of the European institutions news and Belgian federal government news since 2018. Managing Director of Brussels Information Press Media and editor of the news website www.bipmedia.be. This site is dedicated to the news of the diaspora, to North-South cooperation of any kind in general and particularly between the European Union and the Organization of African, Caribbean and Pacific States, between the EU and the African Union. Brussels, capital of the European institutions and headquarters of NATO, is also at the heart of our current affairs. It is an exceptional and cosmopolitan city where more than 184 nationalities and cultures of the world live, meet and exchange. Our information site also gives a special place to the African culture.

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