Dossier UE/Afrique Centrale: Des avancées sur la mise en oeuvre du PIR
(Première partie)
Réunis à Bruxelles du 26 au 27 avril 2018 pour la 4ème session du Comité de Pilotage Elargi du Programme Indicatif Régional (PIR) du 11ème Fonds Européen de Développement (FED), les hauts responsables de l’Union Européenne et leurs délégations, les organisations régionales que sont la Commission de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), les Ordonnateurs Régionaux et Nationaux et leurs experts, les représentants d’institutions bancaires ont planché sur l’état de mise en oeuvre du Programme Indicatif Régional (PIR). Une analyse qui permettrait aux différents partenaires de mieux évaluer la palette de leur coopération, d’anticiper des ajustements nécessaires et de s’accorder sur les priorités en matière d’investissement. Pour rappel, la convention de financement du PIR du 11ème FED doté d’une enveloppe de 350 millions d’Euros, avait été signée en juin 2015 entre l’UE et la CEEAC. Ce PIR du 11ème FED s’articule autour des mêmes domaines prioritaires que le 10ème FED à savoir :
– l’Intégration politique et la Coopération en matière de Paix et de Sécurité
– Intégration économique et commerciale incluant le volet Gouvernance des Infrastructures
– La gestion durable des Ressources Naturelles et la biodiversité.
La journée du 26 /04/2018 était dédiée au Comité de Pilotage Technique. Les différents interlocuteurs ont fait le point sur un ensemble de sujets de façon beaucoup plus large touchant aussi bien la mise en oeuvre des PIR, 10ème et 11ème FED, les réformes institutionnelles et la rationalisation de la CEEAC et la CEMAC, que les programmes d’investissement du Plan européen d’investissement extérieur, ou encore les Accords de Partenariats Economiques (APE), et bien entendu le dialogue politique régional.
Selon Pascal Moussavou Mbina, responsable de la coordination du PIR auprès de la CEEAC, plusieurs avancées méritent d’être mentionnées dans les domaines de la concertation du cadre de coopération entre l’UE et les pays de la région Afrique Centrale (11 pays). Le premier domaine concerne la Paix et la Sécurité. « Nous avons 3 projets précis. Et sur les 3 projets il y a deux conventions de financement dont une a été signée à Yaoundé en avril 2017 entre l’UE et la CEEAC (La CEEAC est l’organisation régionale qui pilote les questions de Paix et de Sécurité). La 2ème Convention de financement qui concerne la sécurisation des intérêts vitaux en mer des pays de la CEEAC, notamment le Golfe de Guinée sera signée demain (27/04/2018). Le 2ème domaine concerne les Infrastructures et l’Intégration Economique et Commerciale. Une convention de 20 millions d’Euros sera signée demain (27/04/2018) en faveur du Programme d’Appui à la Gouvernance des Infrastructures Régionale et Nationale(PAGIRN). Enfin le 3ème domaine concerne l’Environnement et la Gestion des Ressources Naturelles. La convention de financement du programme ECOFAC pour ce volet, dotée d’une enveloppe de prêt de 75 millions d’Euros a déjà été signée et même un Avenant a été signé l’année dernière (2017).
Même son de cloche de la part de Arnaud Demoor, Chef d’unité adjoint de la Coordination du développement et coopération régionale – Afrique centrale de la DEVCO. « Sur le 10ème FED, la plupart des programmes sont terminés à l’exception du Programme d’Intégration Economique dont on a prolongé la durée jusqu’en 2019. Cependant, au niveau du 11ème FED, les choses sont allées beaucoup plus vite. En 2017 on a atteint dans certains pays, 80% de mise en oeuvre du PIR, en tout cas au niveau des décisions. La mise en oeuvre effective et l’impact au niveau des populations seront mesurables au cours des prochains mois voire prochaines années.
Francesca DI MAURO, Chef Unité Afrique Centrale de la DG à la Coopération Internationale au Développement de la Commission européenne a donné d’avantage de détails sur la mise en oeuvre des PIN (Programmes Indicatifs Nationaux) et PIR du 11ème FED, mais aussi des investissements à envisager. « La mise en oeuvre avance. Nous avons des taux d’engagement qui sont un peu différent d’un pays à l’autre et qui vont de 50% à 80%. Pour le régional, nous sommes à plus de la moitié de la mise en oeuvre( 65, 70, 75 % ). En terme concret pour les populations, il y a des projets qui visent la Paix et la Sécurité de la région et qui par exemple vont traiter la question de trafic illégal, qui inclue le trafic illégal des ressources naturelles (RN). L’Afrique centrale est très très riche en RN et donc nous protégeons les parcs qui sont une source de financement pour tous ces braconniers qui par ailleurs commettent des exactions autour du Lac Tchad ou dans d’autres pays d’Afrique Centrale.
Nous protégeons la biodiversité et nous essayons aussi d’appuyer le développement économique autour des parcs pour donner des opportunités économiques aux communautés qui y vivent, que se soit de l’agriculture, de l’énergie ou du tourisme . Si on protège les parcs ça veut dire qu’on peut développer du tourisme et donc des revenus importants pour le pays. Il y a tous les aspects d’infrastructures qui sont très importants. Nous appuyons au niveau Afrique centrale toutes les connections d’infrastructures que se soit des routes, des chemins de fer des ponts entre les pays, sous forme de montage financier « Prêt-Don ». Et là entre en jeu les institutions financières telles que la Banque Européenne d’Investissement, la Banque Africaine de Développement qui font des prêts, et nous (UE) rajoutons à coté des dons. Ce qui facilite les pays à prêter à des taux beaucoup plus concessionnels.
A la question relative au volet Paix et Sécurité en Afrique centrale, que se soit au Tchad ou en Centrafrique où ça ne se passe pas toujours bien, on a du mal à percevoir les avancées, Francesca Di Mauro répondra je cite : « Nous appuyons les institutions qui sont là pour faire avancer les choses. La CEEAC a le mandat régional sur la Paix et la Sécurité. Dans le cas de la République Centrafricaine (RCA), nous appuyons l’initiative conjointe UA-CEEAC pour appuyer la RCA et faire face à ces groupes armés. Nous donnons des moyens à la RCA et à la CEEAC et le régional pour faire leur travail de négociation et d’appui au processus de paix. Ça prend du temps mais nous essayons de mettre les moyens à leur disposition ».
Au terme de cette première journée, Michel Niama, Commissaire en charge du Marché Commun auprès de la CEMAC s’est réjoui des échanges avec les partenaires européens, notamment la reprise dans un future proche, des négociations en vue d’un accord sur l’APE pour l’ensemble de la sous-région.
« Nous sortons de cette réunion avec un net optimisme et nous l’avons affirmé à nos partenaires de l’UE. C’est en cela qu’on peut dire qu’on s’est parfaitement convenu sur la reprise très prochaine des négociations sur l’APE. Nous avons bel et bien certifié tout l’intérêt et d’ailleurs un intérêt hautement partagé par les deux parties de reprendre très prochainement ces négociations. Ce qui revient à dire que dans les tous prochains jours, nous devrions nous retrouver avec tous les ministres du Commerce de la sous-région, pour définir le point de vue de notre sous-région sur la question et nous allons adresser un courrier formel à l’UE en vue de la reprise de ces négociations. La partie européenne est tout à fait disposée. Et donc très prochainement les négociations autour de cet APE vont reprendre.
Au regard des témoignages précités, cette première journée aura permis de mieux appréhender la mise en oeuvre effective du Programme Indicatif Régional et principalement les projets visant à l’intégration de la région Afrique Centrale. L’environnement sécuritaire, l’impact des projets mis en oeuvre dans le cadre de ce PIR du 11ème FED et surtout le vécu quotidien des populations restent le baromètre de l’efficacité des programmes du PIR du 11ème FED. Ghislain ZOBIYO