BRUXELLES, le 5 février (BIPMedia)
Plusieurs milliers de travailleurs du secteur de la métallurgie et de la sidérurgie ont manifesté mercredi à Bruxelles, pour tirer la sonnette d’alarme face au danger qui guette ces secteurs en Europe, et surtout leurs inquiétudes pour l’avenir de leur métier.
« En Belgique on a perdu 12.000 emplois en 2024 c’est énorme. L’Europe a décidé de se décarboner, c’est très bien mais il faut qu’on garde des emplois en Europe. Manifestement ce n’est plus le cas », a relevé Philippe Lecoq, employé de la multinationale française implantée en Belgique.
A la Place Jean Rey au quartier européen, le front commun syndical de la métallurgie et de la sidérurgie avec 3000 travailleurs venus de Belgique, d’Espagne, de France et d’autres pays européens selon la Police de Bruxelles, ont interpellé l’UE à travers de nombreux messages, sur la crise que traverse ces deux secteurs.
« Sauver notre acier », « notre travail dépend de votre décision » (traduit de l’anglais Our jobs depend on your decision) ou encore « -11.688 emplois dans l’industrie en Belgique en 2024 » à titres d’exemples, tels étaient les nombreux messages qu’on pouvait lire sur les pancartes.
« Que l’Europe prenne le taureau par les cornes et ne laisse pas crever la sidérurgie en Europe. L’ensemble du groupe européen implanté en Europe est en danger et on ne sait même pas si on va passer l’année », a fait savoir Gaëtan Lecocq, Secrétaire général de CGT Dunkerque.
Les manifestants dénoncent le coût élevé de production en Europe, qui entraîne la fermeture de certaines entreprises. « Mon collègue ici présent qui travaille chez SARA, une entreprises chimique, eux ils vont fermer des unités de production en Europe parce que le coût de production sera trop élevé. On va importer des engrais, des voitures, on va importer plein de choses en Europe qui vont être produit à l’extérieur de l’Europe en faisant beaucoup plus de carbone que nous. Tant que l’Europe ne met pas des conditions de ce qui rentre, on va se faire manger tout cru », a fait savoir Philippe Lecoq.
Les manifestants ont appelé les gouvernements à mettre fin aux largesses accordées à certaines entreprises. Ce qui a pour conséquence de diminuer la qualité des emplois et la qualité des conditions de travail.
« L’EU ou notre gouvernement belge doivent demander des comptes de ce qu’a fait mon groupe Arcelor Mittal, avec des centaines de millions, voire des milliards € qu’ils ont obtenu de l’argent public. Sur le site de Dunkerque ils n’ont rien fait », a indiqué M. Gaëtan Lecocq.
Les manifestants dénoncent également les différences de traitement que les gouvernement font entre les grandes entreprises et les PME. « Les gouvernements accordent d’énormes réductions aux grandes entreprises qui ont déjà l’ingénierie financière, fiscale, contrairement aux PME de 23 personnes par exemple qui ne sont pas bien aidés et qui ne peuvent plus s’en sortir », souligne Philippe Lecoq.
Les syndicats appellent l’UE à prendre des mesures de protections concrètes vis à vis de l’industrie métallurgique, tel que investir dans le secteur, mettre en place un plan de réindustrialisation capable de maintenir des emplois de qualité, tout en respectant les enjeux de transition énergétique.
Les syndicats demandent à ce que soit mis en place, un plan social de soutien, et un plan de recherche et au développement, conditionné par le maintien et à la création d’emplois industriels en Belgique, ainsi que de la liberté de négocier des augmentations collectives de salaire et la protection des systèmes d’indexation automatique des salaires.
L’appel à la manifestation lancé par le syndicat « IndustriAll Europe » a eu un écho.
Les syndicats IndustriAll Europe, FTM, CGT, European Trade Union, UE SVEGLIATI, ACVB, … demandent un moratoire sur les licenciements et l’interdiction de licenciements boursiers, ainsi que la nationalisation des filières stratégiques.