Après son intervention lors de la réunion consacrée à la question migratoire de la femme en Europe, la députée européenne a bien voulu répondre à nos questions. (Propos recueillis à Bruxelles par Ghislain Zobiyo).
1. Que représente pour vous cette Journée Internationale de la Femme
C’est une journée très très importante, puisqu’aujourd’hui, on a décidé d’ouvrir le volet sur les femmes réfugiées. Je crois que comme thème, ça représente aussi le défi pour l’Europe. C’est de voir si on arrive à donner l’assistance. C’est de voir aussi, si on arrive à pouvoir répondre aux besoins des personnes qui arrivent en Europe, surtout des femmes, qui après avoir suivi un parcours de migrante, souvent avec des violences, arrivent en Europe et ont besoin d’assistance psychologique, médicale, … Elles ont besoin aussi d’être incluses dans un programme d’intégration. Donc, c’est très important de pouvoir affronter cette situation aujourd’hui, d’une façon globale, mais en mettant l’accent sur le thème de la femme qui a fait le parcours de demandeuse d’asile.
2. Lors de votre intervention, vous avez rencontré et traité certaines de ces femmes migrantes. Quel est votre constat, sur leur état psychologique?
La plupart des femmes ne dénoncent pas ce qu’elles subissent, et on sait que cela dépend de la culture d’origine. La plupart des femmes arrivent et elles n’arrivent pas à dénoncer, puisqu’elles considèrent que c’est une honte. C’est pourquoi j’ai demandé à l’Union Européenne que lorsque les femmes arrivent, qu’il y ait des programmes biens spécifiques. Il faut des programmes qui accompagnent du point de vue anthropologique, culturelle, pour toutes les femmes, pour pouvoir aborder les thèmes sur la violence de genre. Je pense que c’est très important de pouvoir donner une réponse concrète. Si ces femmes qui arrivent ne dénoncent pas, cela deviendra difficile de pouvoir donner une réponse appropriée, face aux violences et à la maltraitance qu’elles subissent au cours de leur voyage. J’ai mis l’accent sur le faite que, la plupart des femmes arrivent étant enceintes. Elles tombent enceinte durant leur parcours, mais à la fin elles ont des enfants. Se sont des enfants qui sont nés dans la violence, qui sont nés dans un parcours assez compliqué. Il faudrait qu’on commence à tenir compte du futur de ces enfants. Quel sera le futur de ces enfants, qui vont arriver ici et qui naissent d’un parcours très compliqué de leur parent?
3. L’Union Européenne, le Parlement Européen prennent des décisions bien entendu, pour aider les migrants. Le pays de départ est souvent à l’origine des crises migratoires: guerres, conflits armés, injustice, … Les institutions européennes envisagent- t-elles de s’attaquer de front vis-à-vis de ces causes qui déplacent les populations?
Oui, aujourd’hui nous sommes entrain de parler de la femme, mais je dois rappeler que je suis rapporteur d’un dossier au Parlement Européen(PE), pour la rédaction de la stratégie du PE sur le dossier « Asile et migration ». Ce dossier comprend des thèmes. C’est pourquoi, je voudrais rappeler que, la journée d’aujourd’hui c’est spécifiquement sur les femmes, quand elles arrivent en Europe, mais durant leur parcours également. Le dossier que je suis entrain de rédiger a une approche globale, une approche holistique. Il s’attaque aussi aux causes profondes qui concernent les migrations, c’est à dire les conflits, le changement climatique, mais aussi et surtout les causes économiques. Le programme et la stratégie du PE prend en compte , les pays d’origine, les pays de transit et les pays de destination, puisque les migrants rencontrent souvent beaucoup de difficultés dans le pays de transit, et cela concerne au plus haut niveau l’Europe. Quelle genre d’assistance veut-on donner au niveau de l’Europe? C’est hier(02/03/2016), que le commissaire à l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, a présenté un programme. C’est la première fois qu’il y a un programme humanitaire au sein de l’UE, avec un montant de 700 millions d’euros prévu sur trois ans, pour aider les pays les plus touchés, à faire face à la crise migratoire. C’est le premier programme sur le territoire européen. A ce jour, les aides humanitaires étaient en dehors des frontières de l’UE. Après ce qui est entrain de se passer en Grèce, à Calé, je crois que c’est mieux aussi de regarder ce qui se passe sur le sol, sur le territoire européen. Donc le volet d’aujourd’hui, c’est un volet sur le genre. Mais le dossier complet que nous sommes entrain de traiter avec des propositions bien concrètes, en collaboration avec la Commission, concerne tous les thèmes de la migration, les causes profondes qui déplacent les personnes jusqu’à l’accueil et l’intégration des migrants.