Par Laurent Sery, Correspondant en Afrique de l’Ouest de Brussels Information Press
Abidjan, le 04 Juillet (BIPMedia)
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont décidé de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali, dimanche 3 juillet, au terme de leur sommet qui se tenait à Accra la capitale de la République du Ghana.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont marqué leur satisfaction au regard du chronogramme succinct présenté par le gouvernement de la transition malienne, qui établit le retour à l’ordre civile, avec une élection présidentielle prévue en février 2024.
Cette levée des sanctions a été accueilli avec joie par la population malienne, en proie à une asphyxie économique et financière depuis le début de l’année 2022.
Ces sanctions frappaient le Mali depuis le 9 janvier 22. Elles ont eu un impact sur l’économie du pays du fait que toutes les transactions financières ainsi que les échanges commerciales avec les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest- Africaine (UEMOA) étaient à l’arrêt .
La fermeture des frontières terrestres avaient empêché les entreprises, les opérateurs économiques, surtout les commerçants de pouvoir exporter les produits du secteur agro-pastoral vers certains pays avec qui le Mali entretenaient des relations commerciales.
Les marchandises en provenance du Sénégal et de la Côte d’ivoire dont les ports sont sollicités par le Mali, sont restées bloquées à cause de la fermeture des frontières. En 2019, selon des chiffres de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les importations du Mali en provenance des pays de l’espace monétaire ouest-africain s’élevaient à 1 109,5 milliards de FCFA (1,6 milliard d’euros), dont 19 % depuis le Sénégal et 11 % pour la Côte d’Ivoire.
Les banques du Mali, du fait des sanctions imposées par la CEDEAO ne pouvaient pas bénéficier d’un approvisionnement auprès de la BCEAO qui leur accorde des prêts à un taux de 2%. Si cette situation devait perdurer, les banques maliennes n’allaient pas pouvoir accorder de prêts aux clients et l’Etat malien aurait des difficultés à payer ses fonctionnaires.
Les autorités de la transition conscientes de la situation financières du fait des sanctions imposées par les chefs d’Etat de la CEDEAO, n’ont pas rompu le dialogue avec l’organisation sous régionale.
Le Président de la Commission de la CEDEAO sortant Jean-Claude Kassi-Brou, dans une interview accordée à radio France internationale (RFI), a donné les raisons de la levée des sanctions contre le Mali, « au vu des actions qui ont été menées par les autorités de la transition à Bamako, notamment la loi électorale, les décisions qui ont été prises sur l’autorité de gestion des élections, le calendrier de tout le processus de transition qui a été fourni avec les étapes, par exemple sur la prochaine Constitution, et surtout sur le fait que la transition doit prendre fin à une date bien précise, 24 mois à partir du mois de mars 2022 et le premier tour de l’élection présidentielle prévu pour février 2024… »
« Les chefs d’Etat de la CEDEAO estiment qu’il faut faire confiance aux autorités de la transition en levant les sanctions économiques et financières étant donné qu’un mécanisme de suivi a été mis en place », a soutenu le diplomate ivoirien Jean-Claude Kassi-Brou. Ce mécanisme de suivi mis en place, permettra de suivre de manière régulière avec la partie malienne, mais avec les autres partenaires, tout le processus de la transition.
Les chefs d’État de l’organisation Ouest- Africaine ont cependant maintenu les sanctions ciblées visant les dirigeants de la transition, et la suspension du Mali des instances de la CEDEAO.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont trouvé un accord également avec les autorités du Burkina Faso, sur la durée de la transition, avec un retour du pouvoir au civil au plus tard le 1er juillet 2024.
La Guinée Conakry a quant à elle, un mois supplémentaire pour proposer une durée raisonnable de transition, et inférieure aux trois années proposées par les autorités de la transition, « si elle veut éviter des sanctions économiques ».