Photo: De G à D, Pr. Robert Dusey et la Commissaire Jutta Urpilainen
Bruxelles, 17 avril (BIPMedia)
L’Union européenne (UE) et l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) ont conclu un nouvel accord de coopération jeudi 15 avril à Bruxelles, marquant un terme après 26 mois de négociations entamées en septembre 2018 à New York (Etats-Unis). Jutta Urpilainen, Commissaire européenne aux partenariats internationaux, et Prof. Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’étranger, président du Groupe central de négociation et négociateur en chef de l’OEACP, ont paraphé ce nouvel accord de coopération (accord post-Cotonou) pour les vingt prochaines années.
« Cet nouvel accord modernise le partenariat entre l’UE (27 Etats membres) et l’OEACP ( 79 Etats membres), en ce sens qu’il va au delà de l’accord de Cotonou dans plusieurs domaines », a relevé Mme Urpilainen.
« C’est la première fois dans l’histoire des Etats de l’OEACP et après 45 ans de coopération, que nous avons un accord qui prend en compte les spécificités de chaque zone géographique », s’est réjouit Prof Robert Dussey.
Dans une interview accordée à Brussels Information Press vendredi 15 avril à Bruxelles, Pr Dussey est revenu plus en détails sur les avancées de ce nouvel accord.
Au regard de l’évolution du temps et des défis internationaux actuels et futures, les deux partenaires ont décidé d’avoir un accord avec trois protocoles régionaux, dont un pour l’Afrique, un pour les Caraïbes et un pour le Pacifique, et un socle commun.
Avec ce nouvel accord OEACP-UE, les deux partenaires ont réaffirmé le renforcement de leur association de longue date. Ils se sont accordés sur les objectifs communs, de renforcement du développement économique, politique et social, a expliqué le ministre togolais.
Le socle commun traite des questions générales telles que la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, le changement climatique, paix et sécurité, ou encore la reproduction sexuée à titres d’exemples.
« Chaque protocole a été discuté et négocié par les spécialistes, les experts et les ambassadeurs de la zone géographique, pour mieux refléter les réalités de cette zone » a expliqué Pr. Dussey.
En Afrique, la question de la Zone de libre-échange continentale africaine est l’une des priorités du continent, tout comme le changement climatique ou encore la migration. « Ces priorités sont prises en compte dans la perspective du nouvel accord. Cependant des concessions ont été faites dans le sens que ces priorités africaines puissent non seulement être prises en compte, mais aussi que dans la mise en oeuvre de l’accord, qu’il y ait un respect mutuel », a ajouté Pr. Dussey.
Les priorités qui sont aussi les spécificités de la région du Pacifique touchent au développement durable d’une économie bleue, à la lutte contre le changement climatique (avec la montée des eaux de l’océan), mais aussi au renforcement de la croissance économique durable et inclusive, en stimulant l’investissement et le développement du secteur privé.
Dans les Caraïbes, beaucoup de pays ont des difficultés économiques. Certains de ces pays ( Samoa, Fidji, Vanuatu, à titres d’exemples), ont été mis sur la liste noire de l’UE, car ils sont considérés comme des paradis fiscaux. « L’une des priorités de cette zone géographique concerne le traitement des questions fiscales, tout comme la question liée à la circulation des biens culturelles de ces pays », a fait savoir Pr. Dussey.
Pour accompagner son action politique dans ce nouvel accord, l’UE va financer la coopération au développement avec les Etats de l’OEACP, grâce à un nouvel instrument baptisé « l’Instrument de voisinage de coopération au développement et de coopération internationale » (IVCDCI ). Le montant total de cet instrument se chiffre à près de 80 milliards €.
La programmation de l’IVCDCI est en cours et devrait être finalisé vers la fin de l’année 2021. Cette programmation se refaire au financement des domaines politiques prioritaires dans certaines régions et dans certains pays.
« D’ici la fin de l’année, nous serons en mesure de dire à tous les pays de l’OEACP, quel sera le montant que nous pourrons leur fournir dans les sept années à venir », a indiqué Mme Urpilainen.
L’Afrique, tout comme les Caraïbes et le Pacifique ont besoin des investissements pour le développement socio-économique. Le Pr Dussey pense que dès que les financements de l’UE seront disponibles, les premiers investissements devraient concerner les secteurs prioritaires tels que les infrastructures, l’énergie ou encore l’industrialisation pour le continent africain. Dans les Caraïbes, ces investissements s’orienteraient d’avantage à la transformation des conditions des vie des population, tout comme à l’industrialisation. En ce qui concerne le Pacifique, ces investissements soutiendraient le développement de l’économie bleue, ainsi que la protection des côtes et biens d’autres.
Pour le ministre togolais des Affaires étrangères, « le nouvel accord prend en considération les préoccupations et les attentes des États de l’OEACP et constitue de ce fait, une base solide pour un futur renforcement des liens déjà étroits mis en place avec l’UE.
Construire ensemble une paix pour les sociétés et pour le monde, en ne laissant personne sur le carreau, mais en plaçant les droits de l’homme, l’égalité des sexes, la démocratie et la bonne gouvernance au coeur du partenariat, telle est l’ambition et la vision du nouvel accord OEACP-UE exprimée par la Commissaire Urpilainen.
L’UE et l’OEACP représente 1,5 milliards d’habitants et plus de la moitié des sièges aux Nations Unies. Ce nouvel accord devrait contribuer au renforcement des relations entre les deux partenaires, afin de leur permettre d’agir ensemble contre les grands défis internationaux ( changement climatique, protéger la biodiversité, les forêts, l’océan, …)
L’étape suivante de l’accord sera sa signature et sa ratification, qui interviendront avant la fin de l’année 2021, après les procédures internes de l’UE et de l’OEACP, relatives à la signature et à la conclusion.
Quand interviendra la mise en oeuvre de l’accord, « il s’agira aussi de veiller à ce que ce nouvel accord réponde concrètement aux aspirations des Etats de l’OEACP, à savoir, la transformation des économies des Etats membres, en passant par l’exportation de matières premières et de produits de base, à l’exportation des produits manufacturés de plus grande valeur, a conclu le Pr. Robert Dussey.
Le nouvel accord OEACP-UE succédera à l’accord de Cotonou, une fois que les deux parties auront achevé leurs procédures internes relatives à la signature et à la conclusion. La signature, l’application provisoire et la conclusion de l’accord seront soumises à l’approbation du Conseil de l’UE, sur la base de propositions de la Commission européenne. Par ailleurs, le Conseil ne se prononcera sur la conclusion de l’accord qu’après avoir reçu l’approbation du Parlement européen.
L’accord de Cotonou devait initialement expirer en 2020, mais son application a été prolongée jusqu’au 30 novembre 2021.