L’Alliance des Démocrates pour le Changement, ADC-Ikibiri, la principale opposition se positionne comme une alternative pour le changement et la reconstruction du Burundi.
Bruxelles, le 08/06/2012
Après les périodes de conflits interethniques, de génocide et d’exclusion qu’a connu le peuple burundais de 1993 à 1996, et malgré la signature des accords d’Arusha en Tanzanie en 2000 entre 19 parties pour la paix et la réconciliation, sous l’égide de Nelson Mandela, aucune application de ces accords s’est traduite à ce jour, replongeant la société dans une crise et une paupérisation permanentes. Le pouvoir en place, accusé de violation de ses Accords, ne favorise pas non plus la création d’un cadre consensuel de dialogue avec l’opposition. A la veille du cinquantenaire de la proclamation d’indépendance du Burundi (le 06 juillet 2012), la coalition ADC-Ikibiri, constituée de 10 partis politiques, veut faire entendre sa voix, comme une alternative au changement et à la reconstruction du pays. Leonce Ngendakumana, Président de la coalition, livre ses préoccupations.
Propos recueillis à Bruxelles par Ghislain ZOBIYO
Qu’est-ce qui justifie la création de l’Alliance des démocrates pour le changement, ADC-Ibikiri?
Nous avons créé cette coalition en réaction aux fraudes massives lors des élections communales de mai 2010 et à la violation de la loi sur les élections. Notre objectif est de rassembler toutes les forces vives de la nation et les formations politiques qui comprennent ce qu’est un Etat de droit, un Etat démocratique et constituer ainsi une force suffisante pour parachever l’application des recommandations de l’Accord de paix d’Arusha.
Quel est aujourd’hui le poids de l’ADC-Ibikiri sur l’échiquier politique burundais?
Nous sommes suffisamment représentés dans toutes les villes du pays par nos militants et les organes du parti. Nous avons décidé de nous mettre ensemble avec une même vision, un programme commun et un leadership responsable. Notre objectif est d’aller aux élections de 2015 solidairement et non de manière dispersée. En 2010, l’opposition avait quitté le processus électoral.
Quels sont Les principaux enjeux de cette coalition ?
Nous avons dans notre ligne de mire, de préparer et d’organiser les élections de 2015. Elections que nous voulons apaisées, libres, transparentes et démocratiques. Pour cela, nous avons inventorié tous les obstacles qui peuvent se poser, prévu les conséquences et alternatives de solutions. C’est de cela qu’on va discuter avec toute la population, avec les partenaires du Burundi. Le deuxième enjeu c’est la mise en place de la commission vérité et réconciliation. C’est une question qui provoque des tensions dans le pays parce que les principaux partis politiques centrés s’accusent mutuellement : LIPRONA accuse le FRODEBRU, le CNDD accuse le FNL… Si cette question n’est pas bien abordée, il n’y aura même pas d’élections. Enfin, il y a la problématique de la pauvreté extrême et de la famine qui s’annoncent, et des signaux nous indiquent qu’on risque retomber dans la guerre civile.
Que faire pour éviter une telle situation en 2015?
Nous avons des propositions pour préparer et organiser les élections de 2015. Elections que nous voulons apaisées, libres, transparentes et démocratiques. Pour cela, nous avons inventorié tous les obstacles qui peuvent se poser, et prévu les conséquences et alternatives de solutions. Par ailleurs, il faut que soit mise en place la Commission Vérité et Réconciliation ; Les principaux partis politiques centrés s’accusent mutuellement : LIPRONA accuse le FRODEBRU, le CNDD accuse le FNL… c’est une question qui suscite des tensions dans le pays. Si elle n’est pas abordée comme il se doit, il n’y aura même pas d’élections. Enfin, il y a la problématique de la pauvreté extrême et de la famine qui s’annoncent. Des signaux nous indiquent qu’on risque de retomber dans la guerre civile.
Que comptez-vous mettre en place pour amener les différents partis, et notamment le pouvoir, autour d’une table de dialogue?
Nous avons lancé un débat sur la question des élections de 2015 et la Commission Vérité Réconciliation pour que chaque parti, chaque citoyen puisse s’exprimer. Cela va dans l’esprit d’Arusha qui stipule qu’à chaque fois qu’il y aura un problème, les Burundais se mettront ensemble autour de la table pour trouver un compromis. Nous proposons, par ailleurs, une évaluation de cet accord, en tenant compte du contexte actuel et des réserves émises par certains protagonistes lors de sa signature. Arusha n’est pas figé, mais constitue une étape de transition indispensable pour avancer vers la démocratie.
Douze ans après, certaines recommandations d’Arusha ne sont toujours pas appliquées…
On a toujours pensé que le problème du Burundi était uniquement lié à une question ethnique. Maintenant on sait que c’est la «mégestion» de l’Etat. Ce qui est flagrant, c’est que le gouvernement n’est pas d’accord avec l’Accord d’Arusha, parce qu’il les empêche de mettre en application certains projets diaboliques. Il viole ainsi les quatre principes moteurs de l’accord: le non recours au génocide et à l’exclusion, la sécurité pour tous, la réhabilitation des sinistrés du génocide, la démocratie et la bonne gouvernance. Cependant, rien ne pourra empêcher ce mouvement de se renforcer et d’avancer, car les Burundais sont de plus en plus nombreux aujourd’hui à adhérer à l’Accord d’Arusha.